Projets de recherche
Les huiles essentielles en traitement des mammites, quelle efficacité ?
Projets européens AROMAM* et RELACS*
Repenser la santé en élevage est une problématique clé de l’agriculture d’aujourd’hui, comme l’illustre le projet Approche Complémentaire en Santé Animale (ACSA2), conduit par des éleveurs de la FRGEDA de Franche-Comté.
Ce sujet a été porté par l’institut de l’élevage, au travers du projet de recherche action AROMAM, et par un consortium d’acteurs européens de l’agriculture biologique, dont l’ITAB (Institut Technique de l’Agriculture et de l’Alimentation Biologique), dans le cadre du projet RELACS. Ces deux projets ont permis d’avancer dans l’évaluation de l’efficacité des huiles essentielles en alternative aux antibiotiques, pour le soin des mammites.
Préambule – contexte et cadre réglementaire
Les enjeux de l’antibiorésistance sont désormais connus : l’usage fréquent des antibiotiques augmente le risque de rendre résistantes les bactéries pathogènes qu’ils doivent combattre, et d’autre bactéries non pathogène de l’organisme. C’est un défi car peu d’alternatives existent lorsqu’un antibiotique devient inefficace. Or l’enjeu, abordé ici pour l’élevage, dépasse ce cadre, car les bactéries circulent entre les animaux et les humains ; c’est aussi un enjeu de santé publique.
Les huiles essentielles (HE) pourraient constituer une alternative. Cependant, il faut en sécuriser l’usage pour les animaux, pour l’éleveur, et pour le consommateur, et en mesurer l’efficacité, la rentabilité (du produit acheté (du temps passé à administrer) et le bien-être animal.
Le cadre réglementaire des produits à base de plantes est inadapté aujourd’hui. Les huiles essentielles peuvent être prescrites, mais celles autorisées en préparation magistrale par un.e vétérinaire sont en nombre très limité (huiles essentielles inscrites au tableau 1 du règlement 2377/90).
Par ailleurs, certains acteurs alertent sur le manque de données scientifiques concernant les résidus, quand bien même l’usage des huiles essentielles est courant pour une partie des élevages français.
L’ensemble de ces éléments a motivé le montage des projets de recherche – action RELACS et AROMAM.
Le projet AROMAM* s’est tenu en 2018-2020. Piloté par l’institut de l’élevage, il a regroupé des partenaires divers : 22 élevages bretons, et leurs vétérinaires, 19 élevages adhérents de la Fédération des Eleveurs et Vétérinaires en Convention (FEVEC), en Auvergne Rhône Alpes. La SNGTV ou encore l’ITEPMAI (Institut Technique Interprofessionnel des plantes à parfum, médicinales et aromatiques) étaient également contributeurs. Le CNIEL a financé ce projet : cela illustre l’importance, du point de vue de la filière, de donner des garanties aux éleveurs qui utilisent les huiles essentielles, aux vétérinaires qui les prescrivent, et aux consommateurs.
Le projet RELACS*, financé par l’Union Européenne, traitait des alternatives aux antibiotiques en élevage biologique, dans un cadre plus large sur la réduction de l’usage « d’intrants controversés » dans diverses productions bio, tels les antiparasitaires des ruminants, le cuivre en viticulture, les vitamines en compléments alimentaires chez les monogastriques.
Les « groupes d’échanges santé » entre éleveurs, sont mis en valeur comme le premier levier pour une gestion préventive de la santé, permettant la réduction des ammites et autres pathologies. 68 fermes adhérentes au Civam Adage 35 et à la FEVEC en France, ou membres d’associations bio de Grande-Bretagne ou d’Espagne ont pris part à l’expérimentation. 16 d’entre elles ont testé les huiles essentielles.
Peut-on vermifuger les animaux avec des plantes ?
Cas d’une expérimentation en élevage caprin (2021)
Les strongles gastro-intestinaux (SGI) sont un problème important pour les petits ruminants au pâturage.
Les chèvres ont une immunité moindre que les bovins ou les ovins et présentent des symptômes qui vont du poil piqué avec amaigrissement jusqu’à une anémie sévère et la mort.
Le parasitisme internet est un enjeu économique avec des diminutions de la production laitière lors d’infestations importantes. L’anémie est causée par Haemonchus contortus, strongle hématophage de la caillette, extrêmement pathogène. Répandu autrefois plutôt dans les zones tropicales et subtropicales, ce parasite remonte progressivement en latitude à la faveur du réchauffement climatique.
Depuis plus d’un demi-siècle, la gestion du parasitisme a reposé sur l’administration de molécules anthelminthiques (vermifuge). Cet usage répété et systématique a favorisé l’apparition de résistance des strongles aux molécules. Ces résistances ne pourront que s’accroître dans l’avenir et en l’absence d’alternatives poseront un problème grave aux éleveurs.
C’est dans ce cadre que le FiBL* France a testé le potentiel anthelminthique d’un mélange commercial d’extraits de plantes, à base d’ail et de thym. A la demande du fabricant, l’objectif était de tester un effet vermifuge par l’administration de deux doses « choc » à 21 jours d’intervalle.
FiBL* : Institut de recherche en agriculture dans les systèmes en agriculture biologique